État des lieux des stress tests en 2018

Les exploitants des centrales nucléaires de Doel et de Tihange, de l'IRE, du SCK•CEN, de Belgoprocess et du JRC-Geel ont finalisé en 2017 la plupart des actions majeures destinées à mieux les protéger contre des événements externes extrêmes. Ces actions participent de leurs plans d’action établis à la suite des tests de résistances de 2011. Cela signifie donc que le niveau de la sûreté de leurs installations a été relevé. Ces plans d’action touchent tout doucement à leur fin.

Suite à l’accident nucléaire de Fukushima en mars 2011, le Conseil européen a annoncé que toutes les centrales nucléaires européennes devaient faire l'objet de tests de résistance. Ces « stress tests » avaient pour but de réévaluer les marges de sûreté des centrales nucléaires en cas d'événements naturels extrêmes (séismes, inondations, conditions météorologiques extrêmes...). Ces événements sont susceptibles d'occasionner une perte d'approvisionnement en électricité ou une perte de refroidissement du réacteur, pouvant mener dans le pire des scénarios à une fusion du cœur du réacteur.

La Belgique a décidé, d'une part, d'étendre la portée des tests de résistance à d'autres scénarios liés aux activités humaines et à des actes malveillants (cyber-attaque, chute d'avion, terrorisme, explosion de gaz,...), et a demandé, d'autre part, que les établissements nucléaires belges de classe I autres que les centrales nucléaires (c'est-à-dire l'IRE, le SCK•CEN, Belgoprocess, le JRC-Geel et FBFC-International) soient inclus dans la démarche des tests de résistance.

Les stress tests ont entretemps été menés dans tous ces établissements belges de classe I. Sur base des résultats, chaque exploitant a rédigé et présenté à l'AFCN un plan d'actions destiné à augmenter encore davantage le niveau de sûreté de ses installations. L'Agence a évalué les différents plans d'actions et formulé certaines exigences et recommandations complémentaires. Elle a approuvé l'ensemble des plans d'actions nationaux entre décembre 2012 et juillet 2013.

L'AFCN publie aujourd'hui les rapports de suivi 2017 pour les centrales nucléaires de Doel et Tihange et pour les autres établissements nucléaires de classe I.

La construction et la mise en service des évents filtrés constituaient une des principales améliorations prévues dans le cadre du plan d’action d’ENGIE Electrabel, et une des principales leçons tirées de l’accident de Fukushima.  ENGIE Electrabel a finalisé cette action en 2017 sur les unités de Doel 3 et 4 et de Tihange 1, 2 et 3. La construction d’évents similaires se poursuit pour Doel 1 et 2 dans le cadre de leur opération à long terme. 

Ces évents filtrés ont pour but de dépressuriser l’atmosphère des enceintes de confinement en cas d’accident grave, de façon à éviter des risques de rupture de l’étanchéité de cette enceinte et donc le rejet non contrôlé de radioactivité dans l’atmosphère. Ceci se fait en ouvrant un filtre très performant relié au bâtiment réacteur et en relâchant dans l’atmosphère la vapeur contenue dans le bâtiment réacteur. 

Les évents filtrés installés correspondent aux meilleures technologies actuelles et garantissent entre 99,9% et 99,99% de capture des éléments radioactifs, selon leur type. Compte tenu de l’importance de cet équipement pour garantir le confinement de la radioactivité en cas d’accident grave, l’AFCN a modifié les autorisations d’exploitation de ces réacteurs afin de rendre obligatoire l’utilisation de ces évents lorsque les conditions le requièrent.

Outre cette action majeure, les dernières actions relatives à la protection contre la perte des alimentations électriques ont également été clôturées. Au total, six actions se poursuivent sur les plus ou moins 400 prévues à l’origine, dont cinq qui seront finalisées d’ici la fin de l’année. La dernière action en cours concernera alors la construction d’un nouveau centre opérationnel de site à Tihange. C’est à partir de cet endroit que s’opèrent notamment la gestion de crise, la consolidation des données et la coordination de la communication.

Comme la majorité du plan d’actions a été finalisée, l’AFCN en conclut que les centrales nucléaires de Doel et Tihange sont bien protégées contre des événements extrêmes d’origine externe.

Tous les autres établissements de classe I ont connu des avancées significatives dans l'implémentation de leur plan d'actions. L’AFCN a notamment clôturé le plan d’action de JRC Geel le 2 mai 2017. De son côté, FBFC-International avait déjà clôturé l'ensemble de ses actions en 2014, dans la mesure où cet établissement est en cours de démantèlement.

Les actions du SCK•CEN portant sur les risques sismiques et les conditions météorologiques extrêmes ont été entièrement clôturées en 2017. Trois actions restent à traiter, notamment la construction de deux nouveaux bâtiments (le bâtiment diesel BR2 et le centre opérationnel de site). Ces actions se prolongeront encore un certain temps.

En ce qui concerne l’IRE, la mise en œuvre des actions non clôturées est prévue sur le long terme. Il s’agit en effet de travaux de renforcement des bâtiments et installations, et d’opérations dans le cadre de la gestion des accidents graves et de la perte de l’alimentation électrique.

Pour Belgoprocess, plusieurs projets sont encore en cours afin d’améliorer la protection contre l’incendie sur le site. La dernière action destinée à améliorer la protection sismique sera clôturée dans le courant de l’année. La plupart des points qui doivent encore être clôturés ont trait à l’alimentation électrique.

Les plans d’action des exploitants tiennent compte de circonstances exceptionnelles comme des séismes ou des inondations externes. Il ne s’agit donc pas d’améliorer des aspects de routine. La sûreté de ces établissements nucléaires est donc garantie continuellement.

Lors de réunions périodiques, l’AFCN et Bel V continueront à surveiller attentivement l'avancement des actions liées aux tests de résistance, au regard de leur mission : protéger la population et l'environnement contre les dangers des rayonnements ionisants.

Au début de l’année 2019, les nouveaux rapports de suivi seront publiés sur notre site web.